AUBÉ, Philippe-Ambroise
5 titres reliés en un volume ... Manuscrit de 83 pages : Etudes, méditations et réflexions diverses
Exemplaire de l’auteur : Cinq titres reliés en un volume, nombreuses notes et corrections à la plume dans le texte et en marge. Manuscrit de 83 pages, relié à la suite, sous le titre Etudes, méditations et réflexions diverses
Un volume grand in-8, reliure romantique bleu nuit à coins, dos lisse, orné, restaurations aux coiffes.
Le brahmane : Chant du cygne. Metz, chez Verronnais, 1845, 46 pp.
relié à la suite : Par un brahmane : La sapience normande. Manuel des doctes. Elbeuf, imprimerie de Levasseur et Barbé, Metz, chez Verronnais, 1847, 122 pp. (auxquelles ont été soustraites par l’auteur 32 pages en milieu de volume).
relié à la suite : Logique du brahmanisme ou Doctrine des Trois principes. Imprimerie de Levasseur et Barbé, sans date, 16 pp.
relié à la suite : Par un brahmane : La sapience normande. Manuel des doctes. (Deuxième livre). Elbeuf, Imprimerie de Levasseur et Barbé, 1849, 80 pp.
relié à la suite : Par le brahmane P. – H. – A. AUBE. Mémoire à l’Assemblée Constituante sur l’enseignement et la politique. Elbeuf, Imprimerie de Levasseur et Barbé, 1849, 20 pp.
relié à la suite : CAHIER MANUSCRIT : Études, méditations et réflexions diverses
Ouvrage très curieux et fort rare, dont l’auteur (son nom apparaît à la fin du premier texte, Philippe -Ambroise Aubé, 1801-1881), fut président de la Société industrielle d’Elbeuf (1867 – 1869), puis président de la Chambre de Commerce de la même ville (1870 – 1880). Fort préoccupé par l’évolution politique et sociale de son temps qui va être marqué par la révolution de 1848, l’auteur se fait l’apôtre d’un système social pour la France, système dans lequel la métaphysique et la spiritualité se marient harmonieusement à la science. Selon lui, les réformes de l’enseignement dans le sens du scientisme ne peuvent mener qu’à une impasse en engendrant la confusion et la discorde. Analysant l’évolution de la France avant la Révolution, il se montre partisan du retour à la tradition qu’il résume à sa manière : « Un faux enseignement, une fausse logique, ont égaré le jugement des hommes politiques… Les fondateurs de l’Eglise furent des Grecs initiés aux traditions des Brahmanes orthodoxes de l’Asie, par les livres sibyllins dont la doctrine fut personnifiée sous les noms de Pythagore ou la parole du serpent qui mord sa queue, symbole de la science dans son unité, et d’Orphée, chantre d’une mystérieuse harmonie. » On notera que l’auteur, en dépit du pseudonyme qu’il a choisi, accorde une place de choix à la langue grecque. C’est ainsi qu’il interprète l’un de ses prénoms : « Le Philippe des initiés est : Phil-Ypar, l’ami de la claire vision qui fait l’énergie de la pensée. » Tout en accordant une place éminente à l’Eglise romaine, il milite en faveur d’une réforme de cette Eglise en France qui deviendrait une « Eglise gréco-gallicane » dont le siège serait établi à Rouen car Philippe Aubé se défie de Paris. Dans cette ville, il voit le réceptacle de toutes les manœuvres et les influences qui génèrent le « faux enseignement. » Cette attitude à l’égard de l’Eglise romaine s’explique par le fait que Philippe Aubé voit en l’Eglise luthérienne d’Allemagne et en sa fille l’Eglise anglicane, le vecteur majeur de cette dérive. C’est ainsi que selon lui, la France de la Monarchie de Juillet est catholique dans ses structures mais touchée par l’hérésie dans ses fondements. Monsieur Thiers serait ainsi « le nonce apostolique de l’anglicanisme. » Cette œuvre originale, significative de son époque fort complexe, n’est pas sans rappeler Saint Yves d’Alveydre et la Synarchie. On décèle chez ce chef d’entreprise l’influence des Saint-simoniens comme Pierre Leroux. Manque à Caillet 502 qui décrit deux autres titres de notre auteur.
Le cahier manuscrit comporte une vingtaine de textes et de lettres, entièrement rédigés à la plume, d’environ 45 lignes à la page (2 feuillets supprimés par l’auteur).
Il s’agit ici à la fois de courriers adressés à divers personnages influents de la politique et de la religion du Second Empire naissant : Louis-Napoléon Bonaparte, le Nonce du Pape Pie IX, le Président du Sénat Théodore Troplong, le biologiste Pierre Flourens, le chimiste membre du conseil de l’Instruction Publique Jean-Baptiste Dumas, Mgr Sibour Archevêque de Paris, Mgr de Bonald Archevêque de Lyon, Albert de Dalmas sous-secrétaire du cabinet de l’Empereur, etc. et d’études abordant divers sujets : Miroirs de métal des Chinois – Livres de la vérité, Triple unité divine – Génération nécessaire de l’être sensible par un générateur éternel – Circulation du sang – Ame universelle – Du principe d’autorité – Germe des idées ou base fondamentale de la pensée humaine nécessaire à en composer l’harmonie – Tables tournantes – Prédiction pour un temps indéfini sous l’autorité de l’astrologie et de l’alchymie – Principes politiques, propositions communiquées à Michelet et Victor Hugo – Etc. Tous ces textes furent rédigés entre mars 1853 et janvier 1854, à l’exception de la lettre à Flourens datée du 10 juin 1850. Nous présentons ci-après quelques extraits de cet ensemble : « Ces miroirs sont réputés magiques parce qu’ils sont l’œuvre de savants physiciens-chimistes appelés Mages et dans lesquels une multitude exprime s’entretenir avec des êtres surnaturels ; c’est ainsi que le mot Magie qui exprime la science est devenu l’expression de fausses pratiques avec lesquelles on trompait les hommes. Le mot Magie exprime le contenu de ce que nous lui faisons dire. Ces miroirs ont été le fruit de nombreuses expériences faites pour arriver à la connaissance de la lumière et de ses agents naturels. Ces miroirs sont convexes et concaves. Sur la face concave on sculpte en relief des figures quelconques bien définies, plates, fleurs ou animaux, la surface cuivrée et bien polie n’offrant à l’œil qui indique les objets sculptés dans la face postérieure, on tourne cette face polie au soleil, pour qu’un… ou un mur en reçoive la réflexion On distingue avec beaucoup de netteté dans le disque lumineux réfléchi la figure des dessins placés sur la face postérieure… » (Miroirs de métal des Chinois). « On doit entendre par l’âme universelle une masse de trois substances inertes, de même nature inaltérable, à formes inégales, devenant par l’organisation et par une diversité de mouvements la manifestation d’une mystérieuse pensée par laquelle l’homme existe et participe à une vie spirituelle. Son existence est démontrée par le mouvement des corps célestes ; sa triple unité par l’harmonie visible qui y règne, par une harmonie sensible des sons, par les mouvements volontaires et involontaires commandés dans les êtres sensibles par une âme spéciale et par le petit phénomène des tables tournantes qui prouve que, par son âme disposant des forces de l’âme universelle, l’homme peut opérer sur la matière, alors que par le verbe seulement, il peut opérer sur la pensée d’un autre homme… » (Ame universelle). « J’ai interrogé une table tournante, je lui ai demandé ce qui la fait tourner. Elle m’a répondu : c’est le Diable… » (Lettre à un directeur de journal). « L’autorité souveraine est celle de l’Eglise qui fut dès son origine un Collège d’Initiés à une antique conquête de la Science universelle. Mais à en juger par ce qui se passe, les hommes d’exécution et d’application, abusant de leur majorité, ont été à la société religieuse ce que les rhéteurs de la morale ont été à la société laïque ; nous subissons l’action des rhéteurs de l’Evangile sous le nom de frères prêcheurs. L’autorité souveraine est comprimée… » (Du principe d’autorité). « Les philosophes de l’Antiquité, après s’être élevés à la science du Brahma, grand agent naturel de la lumière, après avoir éclairé l’homme dans sa triple organisation, dans les trois agents matériels du mouvement et de la vie, après avoir reconnu que ces forces sont en rapport avec les forces qui gouvernent le monde, après avoir ainsi acquis le sentiment d’une génération suprême, sont arrivés à se poser cette question : Jéhovah a-t-il créé de toute éternité ; en d’autres termes l’organisation actuelle des mondes solaires, générateurs obligés des comètes, des planètes, participe-t-elle à l’éternité de Jéhovah. D’où cette question métaphysique : Dieu créé-t-il nécessairement ?… » (Génération nécessaire de l’être sensible par un générateur éternel). « Mercure touche à l’heure de sa dissolution. Sera-ce demain ? Sera-ce dans un, deux siècles ? Nous ne pouvons pas le savoir. Ce que nous savons, c’est que nos astronomes ne le voient plus que comme un point noir qui passe sur le soleil, sans cesser d’être lumière, mais ses vibrations nous sont insensibles, […] La Terre et tous ses habitants, les animaux comme les hommes, pourront donc assister à cet effrayant spectacle dont les traditions de l’Asie nous ont transmis le souvenir sous le nom de déluge universel […] Toutes ces grandes villes qui se sont fondées sur le bord des fleuves et qui sont du domaine de Satan : (l’amour des richesses matérielles qui conduisent au mépris de la richesse spirituelle), seront englouties. Toutes les planètes seront affectées de cette révolution du ciel, elles porteront le deuil de la perte de l’une de leur compagne. Elles seront réjouies en la voyant renaître vierge et mère au-dessus d’elles … » (Prédiction pour un temps indéfini sous l’autorité de l’astrologie et de l’alchymie). « La parole, l’écriture, la presse, sont trois degrés dans les moyens de la conservation de la puissance spirituelle de l’humanité. Il appartient à la presse d’assurer à jamais les vérités dont la raison humaine a fait la conquête et de rétablir l’harmonie spirituelle qu’un rationalisme factice a ruinée sous la seule autorité de l’ignorance et de ses dénégations. Avec la presse rendue à ses fins : justice et vérité, plus de despotisme possible ; plus de pouvoirs occultes ; plus de sociétés secrètes. Tout doit se faire au grand jour. Nos hommes d’état doivent renoncer à tromper, à mentir pour gouverner… » (Propositions communiquées à MM Michelet et Victor Hugo en 1850)
Dans ces curieuses pages, apparaissent les noms de Proudhon, Pierre Leroux, Victor Cousin « le corrupteur de la logique nécessaire à la science du ciel, de la terre et de l’homme », Louis Blanc, Copernic, Arago, Origène, Newton, Descartes, Galilée, Broussais, Le Verrier, Faraday…
Fiche technique
- Editeur
- chez Verronnais
- Année
- 1845
- Reliure
- Livre relié
- Langue
- Français
- État
- Bon état