Manuscrit – De l’Origine religieuse du Rire (vers 1935)

Magnifique manuscrit original calligraphié, à l'encre violette, comportant 17 pages, paginées de 1 à 12 et 5 pages additionnelles, d’environ 38 lignes à la page, entièrement rédigé à la plume, recto-verso, format 21 x 27 cm. 1 ajout contrecollé au bas de la 1ère page, 5 pages collées marges contre marges et repliées en avant du texte.

Etude profonde d’anthropologie philosophique, mettant en relief l’aspect ésotérique des recherches de l’auteur, ainsi qu’une forme de pensée très personnelle. Le phénomène du rire est ici disséqué et analysé sous tous ses aspects. Pourquoi ce phénomène n’est-il « ni corporel, ni spirituel : pourquoi, si c’est un réflexe, il se distingue de tous les autres en ce qu’il n’est d’aucune utilité organique ; et, si c’est un mode d’expression, il se distingue de tous en ce qu’il n’est ni naturel, ni conventionnel, ni intellectuel, ni affectif. » Après en avoir précisé les caractéristiques : « La forme même du phénomène révèle sans doute quelque-chose de son essence : l’homme qui rit ouvre la bouche découvrant férocement les dents. Ses yeux clignent et luisent d’un éclat inintelligent. Puis son ventre commence à sursauter ; il danse en quelque sorte sur place ; il chante aussi un chant sourd et discordant, un cri rythmique HaHa ! qui rappelle la claquement des paumes et la rumeur des tambourins dans les fêtes sauvages »,

Au contraire de Freud ou Bergson qui tentent de « découvrir des traits communs ou des lois constantes » au « comique » et les éventuels effets du rire sur l’homme (explosion en surface, sentiment d’apaisement suite au rejet des états d’âme dans l’inconscient, ou de Schopenhauer qui en donne une « définition trop large », Lanza del Vasto appréhende le rire comme une particularité de l’homme (« nulle bête ne rit »), en recherche les sources et le replace au cœur de divers traditions et rituels : « Il faut remonter à l’origine de l’humanité pour trouver les origines du rire, à une humanité rudimentaire mais déjà distincte de toute bestialité : en possession de lois, de rites et de cultes. ». Dès lors que la vie sociale se développe autour de trois échanges de « sacrifices volontaires » : la guerre, le travail et, enfin, « la fête, moment de paix, de repos, de réjouissance qui culmine en un sacrifice virtuel pour des fins invisibles, en un sacrifice religieux ». Rires, chants et danses accompagnent en effet le sacrifice, l’immolation. « C’est là ce qu’on appelle la Cérémonie de Glorification, où le dieu descend se donner à l’amour de son peuple et, sous la forme de la victime, s’immole ». Vient ensuite la « Cérémonie d’Expiation ». « Pour le clan primitif, la purification des péchés a lieu […] par l’immolation des coupables. Le supplice est une des réjouissances et non la moindre ». Lanza démontre, que le rire, de toute humanité, à travers le parallèle établi entre humiliation et violence au sein des divers sacrifices opérés dans ces temps reculés, et le rire nerveux suscité par le ridicule ou l’extrême bestialité d’un propos, proviennent d’une seule et même source : « La danse des supplices qu’une habitude ancestrale a fait devenir une réaction instinctive et presque une fonction corporelle, survit en nous sous la forme du rire. ». L’auteur affirme que « l’innocence du rire découle nécessairement de sa primitivité » et en prend pour preuve « les enfants, les simples, les sots […] Il faut dire que le rire est une punition abstraite et inoffensive : ce n’est pas d’ailleurs le supplice lui-même, mais la danse qui accompagne le supplice qu’il simule et répète : l’approbation bruyante, joyeuse et rythmique du spectacle du supplice […] les accidents de toutes sortes (sont) le matériel premier du comique, le plus ruste (sic) et simple, et provoque-t-il presque mécaniquement le rire en offrant une image infiniment atténuée du supplice. » Suit un long développement…

12 28 027 002
12 28 027 002

Fiche technique

Editeur
Manuscrit
Année
1940
Reliure
feuillets manuscrits
Langue
Français
État
Bon état
2 800,00 €
TTC