MANUSCRIT. A PROPOS D’UN DESSIN DE LEONARD DE VINCI

LETTRE- MANUSCRIT  AUTOGRAPHE SIGNEE 

SYMBOLIQUE ET MYTHOLOGIES COMPAREES : LA VACHE ET L’AIGLE

A PROPOS D’UN DESSIN DE LEONARD DE VINCI 

On joint : LANOË-VILLENE, Georges. Le livre des symboles. Dictionnaire de symbolique et de mythologie comparées. Complet en 7 volumes 

Lettre-manuscrit autographe doublement signée de Georges Lanoë-Villène à Mr Rouhier, datée du 31 mai 1939, 8 feuillets in-4 (21 x 27 cm) rédigés à la plume, encre noire, d’environ 30 lignes à la page, comportant quelques corrections. 

Adressé à Mr Rouhier, Librairie Véga, 175 Bould St Germain Paris, ce courrier se trouve être, en fait, une longue dissertation et analyse critique de la symbolique contenue dans le dessin de Léonard de Vinci reproduit, commenté et titré « L’allégorie de l’Ours et du Phénix » par Léopold Mabilleau, auteur de l’article de l’Illustration (n° 5018 du 6 mai 1939), Commissaire général pour la France, à l’exposition Léonard de Vinci à Milan. Lanoë-Villène se pose en effet en contradicteur : « Il s’agit dans ce dessin d’une vache et non pas d’un ours, comme le veut Monsieur Léopold Mabilleau, … »  

Plus loin, en note de bas de page, : « La symbolique – bien qu'elle ait des règles générales qu'on ne peut violer impunément – n'est cependant pas une science exacte. Je ne pense pas néanmoins qu'il y ait quelque autre sens que le physique ou le métaphysique à donner au dessin du Clos-Lucé. (Un sens politique ? Je ne le pense pas.) De toute manière ce dessin ne peut se rapporter à des travaux d'ingénieur relatif au détournement des eaux de la Loire et du Cher, comme le dit Monsieur Léopold Mabilleau dans son article de l'illustration. » 

La controverse porte donc sur le sujet du dessin faisant désormais partie des collections de la « Royal Collection Windsor » et aujourd’hui curieusement titré « Allégorie du bateau, du loup et de l'aigle », dessin à la craie de Léonard de Vinci qui aurait été achevé vers l'année 1516, au Clos-Lucé près d’Amboise quelques années avant sa mort en 1519, dont Lanoë-Villène a vu une reproduction au Cabinet des Estampes (Fondation Rothschild).  

Il rappelle que da Vinci vivait à cette époque sur les bords de la Loire, qu’il avait alors 65 ou 66 ans et qu’ « il s’était instruit tout seul en vieillissant » et, à propos de ses connaissances en matière de symbolique : « les grands artistes de la Plastique sont parfois très intuitifs et ils obtiennent par la vue des notions que les érudits à l’instruction simplement livresque sont généralement incapables d’acquérir ».

La longue et érudite analyse de notre auteur porte ensuite sur la symbolique de la vache, puis du phénix, de l’aigle, de la barque, de l’arbre… Dans ce contexte, ses démonstrations prennent appui sur les travaux de René Ménard, de Creuzer, Ad. Pictet (Les origines indo-européennes), Simon-Alexandre Langlois (longue note sur la vache dans sa traduction du Rig-Véda),… dont il relève parfois les erreurs. 

Mais son effort porte essentiellement sur « la valeur ésotérique des deux signes principaux qu’a représenté Léonard de Vinci sur le dessin du Clos-Lucé » : La Vache et l’Aigle (que Léopold Mabilleau confond, dans son article, avec le Phénix) : « c’est un aigle, dit-il, oiseau de puissance et de gloire, un phénix couronné qui siège sur une sphère surélevée d’où il domine le paysage. » Je ne chicanerai pas là-dessus, car Hérodote a dit du phénix qu’il avait le corps d’un aigle aux ailes « rouge et or » (Her. 11 ; 73). Toutefois, la représentation de cet oiseau fabuleux a varié, même dans l’Antiquité. En art héraldique il est toujours représenté les ailes étendues, sur un bûcher. Néanmoins, Monsieur Mabilleau a tort de revenir encore sur le phénix un peu plus bas. Il l’appelle « le phénix couronné… infatigable… au cœur ardent… etc.…. » Or l’oiseau dessiné par Léonard de Vinci, est une aigle romaine telle qu’on l’a toujours représentée, non seulement au temps de la Renaissance en art héraldique, mais encore de nos jours sur les monuments, à l’époque de Napoléon Ier et de Napoléon III. Elle n’est pas couronnée ; la couronne est dans l’air au-dessus de sa tête. » 

Concernant la vache, il renvoie au chapitre consacré au bœuf et au taureau, ainsi qu’à celui consacré au cheval de son Livre des Symboles : « J’aurais dû évidemment mettre la Vache Io dans le chapitre du Bœuf, mais je ne prévoyais pas alors jusqu'où ce travail me mènerait. La vache, sans être complètement en dehors de cet ésotérisme, à cause de l'importance du mythe, demande à être étudiée à part. Les juments, parfois, participent de la symbolique de la vache… »

« […] l’ésotérisme contenu dans ce dessin doit se lire avec facilité. La barque qui vogue sur les flots de la mer emblématise notre Terre naviguant sur les eaux célestes ; le jeune arbre, à l’épaisse frondaison, qui a poussé dans la terre dont elle est pleine symbolise la végétation, et la vache qui se trouve à l’arrière, la nuée fixée par le vent sur notre sol – chargée de pluie. » 

Par ailleurs, le soin apporté par l’auteur à l’élaboration de ce courrier (références et longues notes de bas de pages, fort documentées) permet d’en apprécier la valeur et de conclure qu’il constitue en quelque sorte un chapitre supplémentaire de son « Livre des Symboles ». Il accompagne d’ailleurs sa signature d’un « copyright  by  Lanoë-Villène, Paris 31 mai 1939 ».

Nous ne donnons, bien entendu, ici que quelques extraits de cette dense et érudite dissertation du célèbre Lanoë-Villène, auteur du désormais rare et précieux « Livre des Symboles ».  

On joint : LANOË-VILLENE, Georges. Le livre des symboles. Dictionnaire de symbolique et de mythologie comparées. Complet en 7 volumes 

Paris, Bossard et Librairie Générale, 1927-1937, 6 tomes en 7 volumes in-8, brochés 200 ; 236 ; 222 ; 278 ; 310 ; 116 ; 190 pp. Dos lég. défraîchis (brunis). 

Bien complet de tout ce qui est paru, compris le volume consacré à la lettre C, lequel manque la plupart du temps (le stock aurait été détruit dans un incendie.). Tiré à 500 ex. (excepté le tome II : 1000 ex.). Somme fondamentale sur ce thème, et extrêmement rare complète. Ensemble exceptionnel. 

12 22 031 226
12 22 031 226

Fiche technique

Editeur
sans
Année
1939
Reliure
feuillet manuscrit
Langue
Français
État
Bon état
3 500,00 €
TTC