Philosophies de la Nature. Bacon - Boyle - Toland - Buffon

Paris, Perrin, 1887, in-12, broché, CXII, 264 pp., une pâle auréole au haut du dos, avec infime manque de papier au bas, quelques pâles rousseurs, exemplaire non-coupé. 

Extrêmement rare. Recueil de l’éminent professeur de philosophie au Collège de France qui regroupe quatre études dont l’importante (et rarissime) publication sur Toland et le Panthéisticon, que Pierre Dujols qualifie de belle étude et qu’il décrit longuement  (n°47, cat. XX, 1913) ci-après : 

« ... Ce livre étrange, nous apprend [l’auteur], savant académicien, fixe une date dans l’histoire de la philosophie, puisque le mot Panthéisme, qui joue un si grand rôle dans les questions métaphysiques de notre époque, date précisément du Panthéisticon et eut pour père le fameux maçon de Redcastle, sous le pseudonyme de Janus-Junius Eoganésisus qui rappelait sa patrie. 

« Toland, écrit Nourrisson, n’avait imprimé de son mystérieux manuel que peu d’exemplaires, qu’il colportait et vendait lui-même sous le manteau. De là l’extrême rareté du Panthéisticon et l'espèce de nouveauté inattendue qui s’attache encore aujourd’hui à un volume publié depuis cent cinquante ans [...]

Les précautions employées pour le placement de cet écrit indiquent déjà qu’il s’agit, dans cette pièce, d’une propagande occulte. En effet, déclare Nourrisson, « ce livre comprend un essai d’organisation religieuse et de liturgie panthéistique vraiment unique. 

Toland a prétendu encore et surtout élever le Panthéisme à la hauteur d’une religion, et, par suite, a bien osé entreprendre de former le plan d’une Société de Panthéistes, de tracer à cette Société un règlement, de lui prescrire des rites, d'instituer, en un mot, une espèce de Franc-Maçonnerie philosophique, avec ses assemblées d’Initiés, ses maximes occultes et ses pratiques secrètes. C'est même là le principal objet de cet écrit. Aussi le Panthéisticon a-t-il revêtu, dans l’opinion, je ne sais quel caractère d’impiété fabuleuse qui l'a fait très souvent rapprocher du livre légendaire des Trois Imposteurs ». 

Nous ajouterons qu’au double point de vue religieux et maçonnique, il occupe une place éminente entre le Traité des Lois de Gémiste Pléthon, la Thréicie d’Aucler, et le Rituel du Néo-Paganisme attribué à Albert Pike, au Cte de Douville-Maillefeu et à l’ex-chanoine Junka. [...]

Après avoir donné une traduction à peu près complète de toute la partie rituélique et secrète du Panthéisticon, ce qui ajoute une valeur documentaire de premier ordre à son étude savante, le docte membre de l’Institut fait ressortir la double doctrine exotérique et ésotérique de Toland, l'une à l’usage des profanes, l’autre réservée aux seuls initiés. « Aussi, dit-il, les Panthéistes peuvent-ils être justement appelés les initiés et les hiérophantes de la Nature. Ce sont, conclut-il, les Druides et les Pythagoriciens du temps présent ». Mais, se demande l’éminent écrivain, y a-t-il donc une Société Socratique telle que celle qu’a décrite Toland, et y récite-t-on effectivement le Formulaire dont il a exposé la teneur ? C’est avec un demi-sourire que Toland répond à cette question : « Il reste qu'en plus d’un endroit se rencontrent des Panthéistes nombreux (lisez Francs-Maçons) qui ont leurs associations en même temps que des réunions privées où ils célèbrent des Banquets et —ce qui en est l’assaisonnement suprême - où ils philosophent ». On sait qu’au XVIIIe siècle, la Franc-Maçonnerie était considérée surtout comme une société gastronomique sans nulle portée, où les grands seigneurs allaient s’encanailler. Toland, qui s’adressait à bon entendeur, se borne à souhaiter qu’on sache se servir du Panthéisticon."