GENGENBACH, Ernest
Une lettre autographe signée au Dr Alexandre Rouhier
Une lette autographe signée au Dr Alexandre Rouhier (21 x 27 cm), rédigée à la plume, encre noire, comportant quelques passages soulignés en rouge par A. Rouhier, une grande enveloppe conservée (comportant une note d’A. Rouhier), une carte de visite attachée – Une affiche couleur (32,5 x 50,5 cm) « Moine Troubadour – Magie et Mystique Amoureuse – Féérie Surréaliste de E. Gengenbach », Imprimerie Lineau, Toulouse.
Nous sommes en mars 1958, et Ernest Gengenbach, s’est retiré dans un petit village de l’Aude, La Tourette-Cabardès, « dans un village abandonné de la Montagne Noire à 25 km de Carcassonne… », où il résida de 1952 à 1968 : « Vous allez me prendre pour un revenant », écrit-il. Il a quitté Paris en 1952 « après toutes sortes d’avatars que me valurent la rancune vindicative cléricale… » et désire « comme René Guénon, retrouver le point central ». Il s’est marié, refait une santé, est « devenu poète, jardinier…». Ce « prêtre défroqué », (comme on le nomme souvent, de manière abusive peut-être, attendu que l’on ne parvient pas à déterminer s’il fut ordonné ou non) fut un temps proche du mouvement surréaliste. On lui doit un volume intitulé « La Papesse du Diable » sous le même pseudonyme en collaboration avec Robert Desnos ( ?), pseud. Robert de Ruynes. Il fréquenta cependant essentiellement les milieux lucifériens et satanistes de son temps, fut à l’évidence fort bien informé sur les divers rituels de théurgie, et l’on retrouve des traces de son action dans l’organisation de cérémonies satanistes (y compris dans le cadre extrêmement curieux d’une maison close sise aux environs de Saint-Sulpice).
Nous cataloguâmes ailleurs un texte relatif aux rituels entourant l’adoration du Baphomet et à certaines cérémonies en analogie avec celles évoquées par J. K. Huysmans à propos du Chanoine Docre. Archer, sur son blog consacré à Jean-Julien Champagne, et dans un article faisant référence au destinataire de notre courrier, reprend les propos d’un certain Geyraud et nous offre une traduction : « Je pense que cet éditeur de la rive gauche, et de la main gauche, est A. Rouhier ». Cependant l’opuscule de Gino Sandri consacré au Grand Lunaire (ed. Arqa 2013) pose la question d’une mystification et de l’éventuelle campagne, sévissant encore de nos jours, visant à décrédibiliser la librairie Véga et son directeur le Dr Alexandre Rouhier. L’affaire est complexe et nous y reviendrons.
Dans ce courrier Gengenbach, alors que ses biographes le tiennent pour repenti, revenu à la foi, marié à une fervente catholique, en cette fin des années 50, « Vivant au pays des Cathares et Troubadours », écrit avec une pointe de nostalgie qu’il s’intéresse au « mysticisme érotique des Béguines de St-François », au « moine troubadour Fra Raimon de Cornet […] et qu’il a constaté que « l’Eglise avait persécuté et anéanti le « tantrisme ... occidental, aussi impitoyablement que l’albigéisme… Cette érotique sacrée […] à laquelle voulait m’initier après la guerre de 1914-18 Maria de Naglowska, lorsqu’elle espérait que je serais le célébrant de la messe d’or ».
Il désire enfin lui « adresser une autre lettre sur le plan à la fois occultiste et professionnel ».
Fort rare, dense et intéressant ensemble.
Fiche technique
- Editeur
- lettre autographe signée
- Année
- 1958
- Reliure
- feuillets manuscrits
- Langue
- Français
- État
- Bon état