

DOUBLE PROVENANCE STANISLAS DE GUAITA PUIS CHARLES BERLET EMOUVANT ET IMPORTANT ENSEMBLE HISTORIQUE HUIT LETTRES AUTOGRAPHES SIGNEES DE STANISLAS DE GUAITA ENFANT ET UN VOLUME DE SENDIVOGIUS (provenance bibliothèque Guaita)
Traitez du Cosmopolite Nouvellement découverts. Où après avoir donné une idée d’une Société de Philofophes, on explique dans plufieurs Lettres de cét Autheur la Théorie & la Pratique des Veritez Hermetiques
Paris, Laurent d’Houry, 1691, in-12, plein veau de l’époque, dos à nerfs, ornés, 238 pp. Très pâle trace de mouillure marginale ancienne sur quelques feuillets en début de volume.
Fort rare première édition des lettres du Cosmopolite adressées à Monsieur T., développant l’ensemble des théories et des principes régissant l’alchimie.
C’est dans cette édition que l’on trouvera, dans la préface un texte intitulé » Idée d’une nouvelle Société des Philosophes » suivi des « Statuts des Philosophes inconnus » (six articles) suivi d’un chapitre III « De la manière de recevoir ceux que l’on associera », chapitre IV « Statuts et règlemens communs pour tous les confrères », chapitre V « Du Commerce que les Associés doivent avoir entre eux », chapitre VI « De l’usage de la Pierre ». En fin de volume, on trouve une figure gravée, sommaire abrégé de tout ce qui est contenu dans les Lettres renfermé dans un Sceau ou Hieroglife de la Société des Philosophes inconnus. »
Caillet 1131. Dorbon 4547. Duveen Bibliotheca Alchemica pp. 545. Manque à Fergusson. Il s’agit ici de l’exemplaire décrit par Guaita dans le catalogue de sa bibliothèque occulte au numéro 973 : « Très rare ».
Important ensemble de courriers et documents émanant de la famille de Stanislas de Guaita. Douze documents de formats divers, contenant parfois deux à trois lettres.
Huit lettres autographes signées de Stanislas de Guaita, alors enfant, rédigées du 1er août 1866 au 5 février 1871, sept à son « cher papa » et une à son frère Tony.
Une lettre autographe signée de sa sœur Marie à son père et quatre lettres, dont une incomplète, d’Amélie, mère de S. de Guaita, à son époux.
Une L.A.S. de Charles Berlet, 10, rue de Lyautey, Nancy. Datée du 21 mars 1936 remerciant un membre héritier de la famille de Guaita, peut-être issu de la branche de Meixmoron de Dombasle qu’il évoque dans sa biographie « Un ami de Barrès, Stanislas de Guaita », imprimée en décembre 1936, biographie lacunaire, concernant les présents documents à tout le moins.
Charles Berlet y indique en effet : « Stanislas de Guaita commença ses études à Dijon, chez les Jésuites où le Père Genissel semble avoir exercé une certaine influence sur l’orientation religieuse de son esprit... »
Dès l’âge de cinq ans, le jeune Stanislas écrit à son père : « J’ai eu Très bien à ma leçon de géographie. Je ferai ma leçon de lecture un peu avec maman [...] Je vous embrasse de tout mon cœur... »
En mai 1869, il a 8 ans : « ... Je suis bien content que nous déménagions cette semaine, et que vous veniez après-demain. J’espère que je sortirai aujourd’hui. Il fait si beau ! Melle me lit dans Silvio Pellico ce qui m’amuse beaucoup... »
Et, la même année, alors qu’une partie de la famille (Amélie, Marie et Stanislas) réside dans la Somme, à Saint-Valéry : « ... Aujourd’hui pour la première fois il est arrivé un vrai vaisseau de trois mâts, car tous les bateaux ordinaires du port sont des barques de cinq à six mètres de longueur et à deux ou trois de largeur.
On dit qu’il doit en arriver encore un semblable demain : à présent que j’y pense en parlant de bateaux, j’en ai quelques-uns mais ils sont sans mâts et Tony ne veut pas me les faire. Je vous demanderai cher papa de m’en faire un que je trouverai en arrivant. Vous ne m’écrivez jamais que vous vous portez bien... »
L’année suivante, le jeune garçon transmet son emploi du temps à son père et délivre quelques renseignements que ses biographes ont passé sous silence, avec, notamment, son désir 4 fois réitéré ici d’amener son “cher papa” à lui élever des oiseaux (doit-on à la concrétisation de ce souhait ardent du jeune enfant ses premières rimes de jeunesse publiées sous le titre « Les Oiseaux de passage » ?) :
« Aujourd’hui c’est la Purification de la Sainte Vierge. Nous avons eu récréation la matinée et nous avons eu aussi une prière et l’hostie. Cet après-midi nous travaillerons, cher papa, comme mardi, voyez sur le règlement.
On ne commence le latin ici qu’à la fin de la 6ème tandis qu’à Nancy on le commence au commencement de la 9ème. J’ai pour maître de classe le Père Sergeant qui est de Saint-Valéry [...] Pour maître d’étude j’ai un professeur italien qui se nomme le père Mystrettax. Celui-ci sait à peine s’exprimer [...]
Je voudrais que vous receviez au moins une fois ce que je vous demande que maman a permis, que vous m’éleviez des oiseaux. »
Le 19 juillet 1870, à 13 h, la déclaration de guerre française est remise au ministre des Affaires étrangères prussien et cette portion de famille passe la frontière et échoue à Mons où le jeune « Stanis » est scolarisé :
« ... Mon cher papa, Je suis chez les jésuites de Mons externe surveillé. Les victoires sont des exemptions. J’en ai déjà 49 mais on ne les donne que très tard, autour de plusieurs semaines. Les fortifications de Mons sont absolument détruites. D’après les lettres que vous avez écrites, vous enverrez Tony. Nous venons d’apprendre les redditions de Péronne et du Mans. Le Mans s’est rendu après une bataille. Il y avait dans cette place 12 canons, 18000 soldats qui ont été faits prisonniers et à Péronne 3000 et 2 canons... » (Mons, 15 janvier 1871)
Une longue lettre d’Amélie à son époux, François (ou Frantz), précise les conditions de vie de cette partie de la famille, dispersée par les événements :
« Mon cher ami, je suis sans nouvelles de toi depuis trois jours et j’en attends à chaque instant, ainsi que de Tony, qui, je l’espère, m’écrit chaque soir son petit journal. Voilà le collège de Stanis interrompu par un rhume violent, mais sans fièvre, qui m’oblige à le garder dans la chambre et même dans son lit, pour y couper court plus vite [...]
La politique est de plus en plus noire ici, mon cher ami et comme il faut tout prévoir, je viens te demander tes instructions dans le cas où, comme on le craint de plus en plus, la guerre se déclarerait entre l’Angleterre, la Prusse et la Russie.
En ce cas l’Ang. enverrait immédiatement ses troupes ici et déjà la Belgique appelle sous les armes tout ce qui était en congé et devance l’appel de cette année. Les hommes politiques de Belg. disent que la guerre est inévitable, que l’Ang est décidée à la faire et que la conférence qui s’ouvre demain à Londres doit y aboutir nécessairement. Ici on a reçu ordre de l’Ang de soutenir le Lux. [...]
On dit aujourd’hui que les Prus. viennent de tuer à la frontière un garde belge. Tout cela peut être faux, exagéré, mais enfin il ne faut pas nous laisser prendre et surprendre par les événements et si la guerre se déclarait, il faudrait encore une fois lever notre triste camp. Quelles sont tes volontés, mon cher Ami ? Veux-tu que nous rentrions chez nous ou devons-nous courir encore une fois le monde.
La première chose que je ferais, en cas de déclaration de guerre, serait d’aller à Bruxelles demander un passeport au ministre de Prusse, car que nous rentrions ou que nous nous rendions en Suisse, le seul lieu de refuge possible, ce passeport serait indispensable.
Au reste, mon cher Ami, ne te tourmente pas mal à propos et, surtout, ne te mets pas en campagne pour venir nous chercher, car si la guerre se déclarait, le jour même, je quitterais Mons qui est à deux pas de la frontière et je monterais bien vite au nord, à Bruxelles, sans doute, où j’attendrais tes instructions.
Aussi, je te prie de me les envoyer sans retard, afin que nous ne soyons pas exposés à nous ruiner dans un hôtel, en admettant que nous y trouvions de la place. J’espère que tu reçois L’indépendance que je t’envoie régulièrement. Tu y verras, mon cher Ami, que notre position devient chaque jour plus désespérée. Voilà de nouveau le corps de Faidherbe qui marche en avant. Que Dieu protège Maurice qui est officier d’ordonnance du Général Paulze d'Ivoy.
Paris ne pourra plus tenir longtemps. Que va devenir cette armée de 600 000 hommes, qui y est enfermée et n’a servi à rien depuis 3 mois. On doit se remuer à Paris, d’après les bruits vagues qui circulent.
Trochu n’a plus la confiance et je le comprends. Il n’a plus la mienne. Ou il est traître ou il est incapable. Gambetta a failli être pris au Mans. Malheureuse France ! [...]
Je trouve le règlement de Tony bien conçu. Ce serait parfait, s’il est bien exécuté, mais voilà le difficile. Avec qui fait-il de l’allemand ? En tous cas, quelque peu qu’il en fasse, ce sera toujours bon. Je te recommande ses lectures, veilles-y mon cher Frantz, et surtout enferme tous les livres mauvais. Parle-moi de l’état du pays qui, comparativement est bien heureux ; dans ces provinces qui avoisinent Paris, on meurt de faim ! [...]
Voilà les journaux de ce matin qui ne disent rien des bruits de guerre ; c’est la conférence de Londres qui décide tout. Reçois, mon cher Ami, et partage avec Tony, mes meilleures tendresses, Amélie »
Le 17 janvier 1871, « Stanis » rédige une lettre à son frère Tony, dont c’est aujourd’hui la fête : « ... N’oublie pas de dire à papa que maman a permis qu’il m’élève des oiseaux. Il y a deux défaites ou plutôt deux redditions à Péronne et au Mans... »
A la suite, une nouvelle lettre pleine d’incertitudes d’Amélie à son époux :
« Je n’ose t’envoyer la lettre de Clara qui contient [...] des détails trop instructifs sur nos désastres. Le pauvre M est resté 34 h à cheval se sauvant dans la boue. Il dit que la police de l’armée c’est Gambetta qui donne tous les ordres et ne voit rien comme militaire...
Que va-t-il advenir. On dit que l’armée se réforme pour recommencer. Quelle horreur. A Paris tout va mal. Il y a eu une sortie terrible le 19. La Garde Nationale a été abimée. A la suite de cette bataille malheureuse, Trochu a donné sa démission qui est acceptée. On lui reproche d’avoir donné l’ordre de la retraite au moment où l’on espérait vaincre. Lui répond qu’il venait d’apprendre la déroute de Chanzy et que la jonction sur laquelle il comptait devenant impossible il a fait battre en retraite. Cela ne te rappelle-t-il pas Bazaine.
On ne sait encore par qui ?? Trochu sera remplacé. On dit que l’on prendra un Colonel si on ne trouve personne mais que Paris ne se rendra pas. En attendant il brûle. Les nouvelles d’Amélie sont bonnes. Ses fils toujours à l’abri. Je crois que tous les bruits qui circulent autour de toi sont faux. Bourbaki est refoulé bien loin vers le midi. Pourtant des f. Tireurs ont fait sauter près de Toul le pont du C de F. ce qui gêne beaucoup les p. (le pont de Fontenoy) [...]
Je t’embrasse mon cher Ami de toute mon âme. Je n’espère pas grand-chose de la conférence. Dieu veuille que je me trompe. »
« ... Vous devez savoir la capitulation de Paris et l’armistice. J’espère que vous nous permettrez de retourner à Alteville pendant ce temps d’arrêt. Et puis d’ailleurs maman est persuadée que l’armistice sera la paix.
Avez-vous reçu mes deux lettres où je vous dis que maman a permis que vous m’éleviez des oiseaux.
Nous attendons à chaque instant une lettre de vous.
Aujourd’hui maman croyait voir dans la cour ma cousine Haina. Voici le plan de la maison (plan dessiné) pour vous montrer où est le jardin. Sans doute vous ne saviez pas que nous avions un jardin passablement grand.
Comment allez-vous ? Donnez-moi aussi des nouvelles de Madeleine, Marianne et des autres domestiques... »
On joint :
-Une lettre autographe à en-tête de l’Académie de Stanislas fondée le 28 décembre 1750 par le roi de Pologne, duc de Lorraine et de Bar, (Stanislas Leszczynski) du Secrétaire perpétuel de l’Académie à Monsieur de Guaita (Nancy le 3 juin 1871)
« J’ai l’honneur de vous faire connaître officiellement que l’Académie de Stanislas dans la séance du 2 juin a placé votre nom sur la liste de ses membres titulaires... »
-Une convocation sous forme d’ « avertissement » émanant de la Direction générale de l’enregistrement des domaines et du timbre. Département de la Meurthe, bureau de Sarrebourg, à l’adresse de Guaita François, Alteville (1er juillet 1870)
-Une L.A.S. à en-tête de la « Société Immobilière rurale de France » à Monsieur F. de Guaita, 27, place Carrière, à Nancy l’invitant à apporter son concours (24 décembre 1864). Précieux ensemble
Fiche technique